Entretien avec... Bénédicte Bahier

« La crise que nous venons de vivre a souligné l’importance de la gestion responsable : celle des Etats qui ont pris des mesures – assumées – privilégiant la santé à l’économie, mais également celle des entreprises qui ont continué à produire et servir leurs clients dans de nombreux domaines (alimentaire, distribution, santé, énergie, équipements électriques des data centers, etc.).

La question de savoir si le « monde d’après » sera responsable ne fait pas débat : la crise sanitaire a mis en lumière les besoins d’investissement en matière de santé publique mais également la nécessité de poursuivre le développement économique, tout en remettant la préservation de l’environnement et du climat au centre des préoccupations et des raisons d’être des entreprises.

Le partage de la valeur doit s’inscrire dans cette tendance, notamment par les critères qui vont l’influencer. Aujourd’hui, 80% des sociétés du SBF 120 ont des critères sociaux et environnementaux déterminant la rémunération de leur dirigeant. Ces mêmes facteurs sociaux et environnementaux influencent les gestionnaires d’actifs qui communiquent, pour les plus importants d’entre eux, sur leur politique « d’intégration ESG » dans leurs décisions d’investissement.

La rémunération des salariés est quant à elle déterminée en fonction de négociations menées entre partenaires sociaux. Les critères sociaux et environnementaux n’influencent en général pas directement ces négociations mais des considérations RSE – telles que la lutte contre les inégalités salariales notamment liées au sexe – peuvent figurer dans leurs modalités d’application, via un budget dédié.

La détermination du résultat de la participation et de l’intéressement fait lui l’objet d’un encadrement légal strict, afin de pouvoir répondre aux critères d’éligibilité fiscale et sociale. La participation a pour objectif de garantir collectivement aux salariés le droit de participer aux résultats financiers de l’entreprise. L’intéressement a pour objectif d’apporter un complément de rémunération aux salariés, via la conclusion d’un accord fondé sur la réalisation d’objectifs ou de performances financières ou opérationnelles, telles que la réalisation d’un projet. L’inclusion de performances sociales et environnementales dans l’accord d’intéressement est possible mais n’est pas largement pratiquée. Accélérer dans cette direction permettrait au plus grand nombre des salariés de bénéficier des performances sociales et environnementales de leur entreprise, eux qui en sont parmi les premiers contributeurs ! »