Raison d’être : « mission washing » ou engagement sincère ?

Nous souhaitons que la réflexion des entreprises sur la raison d’être s’inscrive dans une démarche sincère et pas uniquement dans un objectif de communication ou de responsabilité sociale de l’entreprise. Nous sommes attentifs au processus en amont qui aboutit à la définition de cette raison d’être ainsi que ses conséquences en aval.

En amont, le processus de définition de la raison d’être est important. Il faut que cet exercice ne se limite pas à quelques personnes. La raison d’être ayant un caractère stratégique, le Conseil d’administration doit débattre et définir cette raison d’être en collaboration avec le comité exécutif qui doit l’incarner.

L’inclusion des salariés dans son établissement est également souhaitée afin que la raison d’être puisse se diffuser au sein de l’entreprise. Les salariés doivent pouvoir s’approprier la raison d’être au quotidien dans leur travail et leurs décisions.

La raison d’être ne doit pas uniquement être un texte, mais surtout une mise en œuvre. Afin de devenir un axe structurant pour l’entreprise, chaque décision importante doit être éclairée aux vues de la raison d’être : toute décision soumise au Conseil d’administration doit être étudiée au regard de la raison d’être, de ses impacts pour l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise.

Selon vous, est-il important que les entreprises fassent voter leur raison d’être lors de leur AG ?

Une modification statutaire avec un vote en Assemblée Générale de la raison d’être n’est pas indispensable et ne constitue pas un souhait des investisseurs. Il s’agit d’un point secondaire, et il ne faut pas que l’inclusion de la raison d’être dans les statuts soit un frein, avec un texte qui pourrait être édulcoré afin de limiter les éventuelles conséquences juridiques pour l’entreprise.

Nous sommes plus attentifs aux conséquences et au plan d’actions qui découlent de cette raison d’être : quelles sont les conséquences sur les décisions et le plan stratégique de l’entreprise notamment.

Il faut également que les sociétés travaillent sur la mise en place d’indicateurs et d’objectifs précis en quantifiant les éléments et en les communiquant afin de pouvoir comprendre et suivre l’implémentation de la raison d’être.

La raison d’être doit être structurante pour l’entreprise, qu’elle soit incluse ou non dans les statuts.

par Michael Herskovich, Président de la Commission Gouvernance d’Entreprise de l’AFG et Head of Corporate Governance de BNP Paribas AM