Zoom sur le partage de la valeur
Lorsque l’on évoque la question du partage de la valeur ou du partage de la création de valeur, il convient tout d’abord de bien définir la méthodologie employée, avant de se focaliser sur les modalités de répartition entre certaines parties prenantes.
Méthodologie
Toutes les parties prenantes ayant accès à la valeur générée par l’entreprise doivent être identifiées. Au-delà des actionnaires, des dirigeants et des salariés, doivent être ainsi inclus l’Etat, les collectivités et les fournisseurs de l’entité considérée.
Il faut ensuite déterminer à partir de quelles données ce partage a pu être déterminé et, selon nous, prendre en compte la fiscalité supportée par chaque catégorie pour raisonner en net. Ce qui doit retenir l’attention des commentateurs et des actionnaires, ce n’est pas le pourcentage de création de valeur capté par chaque partie prenante à un instant donné, mais bien l’évolution de celui-ci dans le temps et les raisons qui la sous-tendent. A l’instar des fameux « ratios d’équité » liés à la rémunération des dirigeants, il n’existe pas de chiffre magique pour établir ce que doit être la « juste » répartition de la création de valeur, chaque entreprise évolue dans un contexte particulier et les évènements peuvent justifier tel ou tel changement sur un ou plusieurs exercices.
Répartition entre actionnaires, dirigeants et salariés
Gardons-nous d’opposer ces trois catégories de personnes. En effet, certains peuvent cumuler – ou à tout le moins revêtir – ces trois qualités au cours de leur carrière. Comme par exemple les salariés qui demeurent actionnaires de leur ancienne société au moment de leur retraite.
En tant qu’acteur du capital investissement, Eurazeo est convaincu que les dirigeants doivent être actionnaires et détenteurs d’une part significative du capital. Leur présence au capital aux côtés des autres actionnaires garantit un alignement d’intérêts lié à la performance de l’entreprise. Les salariés non dirigeants doivent également avoir accès au capital, mais au travers d’instruments moins risqués et gratuits (intéressement, FCPE, actions gratuites). L’objectif est de les fidéliser, les sensibiliser au sort de leur société tout en leur assurant un complément de patrimoine le moment venu. Quant aux dirigeants, les règles de gouvernance actuelles, notamment des sociétés cotées, sont devenues extrêmement sophistiquées et assurent la transparence et un alignement certain entre rémunération et performance.
Restera aux sociétés non cotées à s’inspirer de leurs sœurs cotées pour faire évoluer leur modèle capitalistique et cela passe par l’analyse de la répartition de la valeur créée.
par Nicolas Huet, Secrétaire Général d’Eurazeo