Mesure 6 du Livre Vert | Généraliser l'usage d'un langage égalitaire - L'expérience de Michel Landel

Pour moi, il y a souvent un manque d’exemplarité dans la façon dont on s’exprime, et cela pèse sur l’inconscient de chacun. Cela peut venir du plus haut niveau, alors même que les dirigeantes et les dirigeants doivent justement faire preuve d’exemplarité en tant que représentants de l’entreprise.

Quand on s’exprime systématiquement au masculin lors de communications internes et externes, cela dévalorise les femmes. Il s’agit donc de trouver un équilibre sur ces sujets sensibles. Dans les organisations, et pas seulement les entreprises, on a souvent tendance à dévaluer de façon souvent inconsciente la place des femmes, au travers d’un discours paternaliste voire sexiste, ou par des plaisanteries. Certains groupes recherchent à faire disparaître ce type de comportements. Carrefour, par exemple, a réalisé un guide pratique à destination de ses collaborateurs et collaboratrices sur « les neuf réflexes du leader inclusif ». Crédit Mutuel Arkéa favorise aussi l’usage d’un langage égalitaire et bienveillant au quotidien aussi bien à travers la féminisation progressive des titres – comme ceux de « directeur » / « directrice » –, que par la tenue de formations pour prévenir le « sexisme ordinaire » au travail.

Il existe donc nombre de moyens très concrets pour faire comprendre que langage et mixité sont des sujets intrinsèquement liés, sur lesquels il est possible d’instaurer des bonnes pratiques très simples. En outre, mieux vaut également parler de « mixité » que de « féminisation » ou de « parité ».

De mon point de vue, la féminisation de l’ensemble des titres, à l’oral comme à l’écrit, est capitale pour instaurer un réel changement. Par exemple, remplacer « Madame le directeur » par « Madame la directrice ». Il ne faut également pas avoir peur de créer de nouveaux termes s’ils n’existent pas encore au sein de l’entreprise.

En parallèle, il est crucial de veiller à ce que l’équilibre femmes-hommes dans les messages de l’entreprise soit respecté à la fois dans le nombre de femmes et d’hommes s’exprimant, mais aussi dans leurs titres, pour leur accorder la même visibilité. Par ailleurs, les sujets traités dans ces communications sont aussi importants, et il ne faut pas réserver aux femmes les questions relatives à la vie personnelle.

Cependant, l’élément clé pour que de telles démarches fonctionnent reste la sincérité des entreprises, combiné à l’alignement des actes aux paroles. C’est seulement lorsque ces éléments sont réunis qu’une prise de conscience globale se fait au sein de l’entreprise, que les lignes bougent, que le sujet prend toute son importance. Il en va également de la pérennité des groupes, car les attentes des jeunes générations ont elles aussi évoluées, et elles recherchent désormais une exemplarité des entreprises en la matière.

par Michel Landel, parrain de l’Observatoire de la Mixité