Deux mots qui semblaient irréconciliables… apportent cohérence et sens
Capitalisme, responsabilité, même combat ? En 2017, nous avons pris un risque un peu fou, celui d’accoler deux mots qui, dans l’imaginaire de très nombreux citoyens, en France et ailleurs, incarnent deux univers irréconciliables : le bien commun et le profit, le sens du collectif et la concentration des richesses, la défense de la nature et la prédation. L’institut du Capitalisme Responsable (ICR) était né.
Bien sûr, nous avons créé au départ une certaine surprise mais cinq ans plus tard, la preuve est faite que le « capitalisme responsable » est la seule voie possible. Deux évidences se sont conjuguées. D’abord, rien ne peut se substituer au capitalisme, cette dynamique puissante, intensément humaine, qui repose prioritairement sur l’entreprise, les salariés, les investisseurs, la liberté du marché et des règles strictes édictées par les états. Ensuite, le capitalisme aurait tout intérêt à prendre la juste mesure de son impact sur la société, l’environnement, le climat, bref sur notre destin à tous, car il créera ainsi une valeur bien plus durable.
Nous nous sommes emparés en 2017 d’un lien qui semblait contre nature. En cinq ans de travaux qui ont rassemblé entreprises, investisseurs, responsables publics et experts, ce lien est devenu une évidence, une nécessité, un enjeu de survie écologique et économique pour le monde. L’ICR a fait ce chemin à sa façon, comme un centre de recherche appliquée où l’on sait qu’il faut mesurer pour convaincre même si tout n’est pas quantifiable. Nous avons mené ces travaux dans le respect des femmes et des hommes, des entreprises, des salariés, des investisseurs et de toutes les parties prenantes. Le capitalisme responsable est un combat collectif qui ne sera jamais complètement gagné et qui, donc, ne doit jamais cesser.
En cinq ans, la mondialisation est entrée dans une phase critique : réchauffement climatique, crise sanitaire, destruction de la biodiversité, recul des droits des femmes, explosion des inégalités, révolte des minorités, qu’elles soient genrées, ethniques ou qu’elles relèvent du handicap. Ce faisceau de menaces fait déferler sur les entreprises et les investisseurs d’innombrables injonctions à se saisir des enjeux décisifs du siècle.
Le défi multiforme qui est lancé au capitalisme atteint son paroxysme. Le citoyen – consommateur – salarié attend beaucoup de l’entreprise car il sait la puissance d’innovation et de transformation quelle renferme et il a compris que la puissance publique ne peut pas tout. Les planètes sont donc alignées pour que le capitalisme franchisse une étape décisive de sa métamorphose. En apportant raison d’être, écologie, inclusion et solidarité. Mais selon les enjeux, notre maturité n’est pas la même.
Quand les progrès de la responsabilité sont mesurables, par exemple face au réchauffement climatique, aux enjeux de mixité et de gouvernance ou encore à une crise sanitaire, nos dirigeants savent comment agir. Même si c’est à petits pas, le seul fait d’avancer déclenche l’optimisme. Et c’est fondamental. C’est également dans ces domaines que l’entreprise et les investisseurs se voient imposer des règles de conformité de plus en plus nombreuses et de plus en plus strictes. Face à ce tsunami réglementaire, il leur faudra faire preuve de discernement, de pédagogie, de lisibilité, pour que le sens retrouvé de ce nouveau capitalisme ne se dilue pas dans un langage technique d’experts.
Dans les autres dimensions de la responsabilité, le Social et le Sociétal en particulier, les données quantifiables, objectives et homogènes, ne sont pas encore systématiquement identifiées donc disponibles à l’échelle mondiale, en raison notamment de leur complexité liée la plupart du temps aux spécificités culturelles et nationales. A titre d’exemple, l’Inclusion ne prend en compte et ne mesure que la mixité et le handicap en France. L’Inclusion se voit donc limitée à un périmètre beaucoup trop restreint. Faute de pouvoir constater des avancées tangibles dans ces domaines clés, la société civile bascule dans une forme de pessimisme et, surtout, dans le scepticisme sur la sincérité des entreprises. Voilà pourquoi, depuis 2017, l’ICR s’est emparé en priorité de ces sujets encore peu normés pour tenter d’apporter des outils d’évaluation là où ils manquent.
Entre 2022 et 2027, l’ICR ouvrira de nouveaux Observatoires pour traiter un à un ces risques de divergence qui doivent devenir des axes de convergence pour le capitalisme.
Notre méthode restera la même. Elle repose sur cinq engagements clés :
- Encourager – Pour saluer les « petits pas » :
les meilleures pratiques et les plus fortes progressions, nous avons initié des Grands Prix. Nous publions aussi régulièrement des tribunes et, chaque année, un magazine. - Proposer – Alimentées par les acteurs du terrain, nourries par des experts, nos propositions sont concrètes et opérationnelles. Elles sont issues de nos cinq Observatoires, du Collège des Experts et de sa task forces. Quant à l’Indice de Cohérence ESG, il est l’archétype d’une solution pragmatique pour les entreprises et les investisseurs.
- Expliquer – La pédagogie est au cœur de notre mission, elle traverse toutes nos activités, en particulier les Talks, des tables rondes animées conjointement par l’ICR et des établissements de l’enseignement supérieur.
- Favoriser le dialogue – La responsabilité du capitalisme découle directement de la qualité du dialogue entre émetteurs, investisseurs et pouvoirs publics. Nos Grands prix et notre Indice de Cohérence ESG sont à cet égard de puissants catalyseurs.
- Donner du sens – Tous nos travaux et nos Observatoires y veillent, en particulier l’Observatoire de la Raison d’Être, coprésidé avec Nicole Notat et marrainé par Olivia Grégoire, Secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable.
Caroline de la Marnierre & Stéphane Marchand
Présidente et Fondatrice de l’ICR / Délégué Général de l’ICR