ESG : les entreprises ont d’abord besoin de cohérence
Entre le capitalisme financier anglo-saxon et le capitalisme d’État chinois, l’Europe peut elle inventer sa propre voie, celle d’un capitalisme plus humaniste, plus environnementaliste, en réalité un capitalisme plus responsable ? Ce qui se joue en cette année 2022 au niveau de l’Union européenne nous montre que la réponse est oui.
L’Europe bruisse d’initiatives réglementaires qui visent à donner une réalité à cette vision : la future directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) va remplacer progressivement la déclaration de performance extra-financière (DPEF). en intégrant la taxonomie et les exigences de durabilité à partir du 1er décembre 2022. Ainsi dans le sillage du « Green Deal », l’UE favorise la transition écologique grâce à deux innovations : d’abord la « Taxonomie », qui vise à classer les activités économiques selon leur « durabilité sur le plan environnemental ». Enfin, le SFRD (Sustainable Finance Disclosure Regulation) fixe des objectifs de transparence pour les produits financiers pour favoriser les investissements vers des activités durables.
Personne – et nous moins que quiconque – ne niera qu’il s’agit là d’avancées majeures vers ce capitalisme responsable que nous appelons de nos vœux et qui doit devenir une troisième voie dans le monde. La fiabilité des mesures et la comparabilité des résultats en seront augmentées. Convenons aussi que ce « tsunami » réglementaire et les mécanismes de reporting complexes qui l’accompagnent lancent aux entreprises des défis considérables, ceux de la lisibilité et de la cohérence, deux nécessités si l’entreprise veut pouvoir prendre du recul sur ses engagements ESG.
Voilà pourquoi l’Institut du Capitalisme Responsable, qui fête ses cinq ans d’existence, propose aux entreprises un « Indice de Cohérence ESG ». En exploitant uniquement des données déjà disponibles, cet indice vise à évaluer l’équilibre et l’ambition de la politique de responsabilité de l’entreprise.
Composé de dix critères, notre indice innove en conjuguant des critères déclaratifs, des critères quantitatifs monétaires, mais aussi, et c’est une première, des critères quantitatifs non monétaires. L’entreprise pourra ainsi jauger côte à côte, entre autres, sa politique d’employabilité, sa politique de distribution de dividendes, sa couverture sociale à l’échelle mondiale et son engagement climatique. Cette diversité d’approches permet à notre indice de se hisser au delà de la simple évaluation comptable, pour devenir un instrument prospectif et stratégique, un outil de pilotage et une grille de dialogue entre émetteurs et investisseurs.
Conseil d’administration de l’ICR