La démocratie hybride, ça n’existe pas !

La crise du COVID et les confinements généralisés en Europe ont obligé les entreprises cotées à innover en tenant leurs Assemblées Générales en digital et non plus en présentiel. Aucune d’entre elles n’étant préparée à tenir une Assemblée en digital ou en hybride, la démocratie actionnariale en a « pris un coup » avec des Assemblées « sur papier » sans possibilité de s’exprimer librement (si ce n’est par des questions écrites préalablement triées) et obligeant à voter par correspondance, les banquiers teneurs de compte n’ayant pas investi préalablement dans leurs chaînes de traitement pour faciliter le vote à distance en temps réel (testé uniquement par AMUNDI en 2021).

L’Assemblée Générale physique est le seul lieu où les actionnaires peuvent poser des questions « libres », que les administrateurs et autres actionnaires entendent. Elle permet en France de déposer des amendements en séance et de voter sur un point amené par un actionnaire. En digital, les questions sont par construction filtrées préalablement, les actionnaires ne peuvent voter en temps réel et tous les actionnaires et administrateurs sont à distance sans possibilité de s’écouter, voire de se parler après l’Assemblée.

Et malheureusement, cela « arrange » certains dirigeants qui ont en ont profité pour ne pas tenir compte de l’avis de leurs actionnaires. L’Assemblée Générale physique est le seul lieu où les questions et rencontres ne sont pas « filtrées » préalablement, où il est possible de parler avec les dirigeants et administrateurs avant ou après l’Assemblée, ce qui rend vivante la démocratie actionnariale.

Espérons que le législateur interdira dans l’avenir les Assemblées 100% digitales et obligera les entreprises à tenir des Assemblées physiques où il sera possible de voter en présentiel, les actionnaires non présents pouvant voter au même moment à distance. La technologie le permet, il n’y a que la volonté du législateur qui nous garantira une démocratie actionnariale « active » et bien réelle !

Olivier de Guerre
Président de Phitrust