Le partage de la valeur... clé de voute de la responsabilité
Depuis 2019, le Collège des Experts de l’ICR produit – chaque année – des notes d’analyse avec une véritable prise de recul sur des thèmes stratégiques et fondamentaux relatifs au capitalisme responsable.
En 2020, une task force pluridisciplinaire réunissant différents membres du Collège et des experts externes, animée par l’ICR, s’est constituée autour du thème de la création et du partage de la valeur. Après 8 mois de travaux, plus d’une dizaine de réunions, d’une vingtaine d’entretiens et d’une Plénière de restitution auprès de l’ensemble du Collège des Experts, la task force a publié une note d’analyse à destination des acteurs économiques, donnant lieu à 5 recommandations innovantes et audacieuses.
Les notions de création et de partage de valeur sont souvent abordées à travers trois prismes : la répartition entre salariés et actionnaires, l’écart de rémunération entre salariés et dirigeants et la contribution des entreprises à l’impôt. Au-delà de cet angle financier, ces deux notions ont profondément évolué ces dernières années et couvrent désormais les aspects sociaux, sociétaux et environnementaux.
Pour favoriser une meilleure acceptabilité de la répartition de la valeur entre salariés et actionnaires, l’ICR recommande dans un premier temps aux entreprises de contextualiser et expliciter la politique de distribution des dividendes en lien avec la politique interne de rémunération. Par ailleurs, s’agissant de l’écart de rémunération entre salariés et dirigeants, sujet controversé depuis des années et qui appelle à un « juste » partage de la valeur, l’ICR invite les dirigeants et dirigeantes d’entreprise à également expliciter le mode de calcul du ratio d’équité pour le rendre accessible au plus grand nombre.
La valeur qui est créée et qui sera partagée n’est plus forcément quantifiable sous forme monétaire. Il peut s’agir d’une forme d’organisation, d’un nouveau rapport au temps, d’une responsabilité partagée. Par exemple, la politique de sous-traitance et d’achats peut s’emparer des engagements sociaux et environnementaux de l’entreprise, donc de sa raison d’être, dans la construction de la politique d’achat. La valeur créée et partagée est alors la communauté d’engagement qui émerge entre l’entreprises et ses fournisseurs.
Enfin, la crise de la Covid-19 a souligné les dysfonctionnements de nos modèles économiques et sociétaux, et a mis en lumière la marge d’amélioration possible concernant les enjeux sociétaux, environnementaux et de gouvernance. Dans un contexte où la valeur n’est plus seulement financière et où les investisseurs font face à une incertitude croissante, la capacité à créer, mesurer et partager la valeur sur le court, moyen et long termes en lien avec la raison d’être se révèle être un atout fort pour les entreprises. Dans ce contexte, l’ICR recommande donc aux entreprises d’expliciter le lien entre la raison d’être, la création et le partage de la valeur tout en mesurant l’état d’avancement grâce à la mise en place d’indicateurs de moyen et long termes.
Caroline de La Marnierre
Présidente et Fondatrice de l’ICR