Le partage de la valeur, une priorité pour le Conseil d'administration

Depuis quelques années, les Conseils d’administration et de surveillance ont vu leur champ de responsabilité s’étendre, en particulier avec la montée en puissance de l’extra-financier, qui a élargi et précisé leurs obligations en la matière. Mais si la récente prise de conscience du risque climatique oblige les entreprises, le risque de perte de cohésion, voire de fracture sociale, constitue aussi pour elles un enjeu majeur. La question du partage de la valeur est donc tout aussi centrale que celle du dérèglement climatique et de la biodiversité : les entreprises, grandes et petites, ne peuvent s’en exonérer.

L’évolution sémantique n’est pas anodine. Nous sommes passés de « RSE » – Responsabilité Sociale de l’Entreprise – à « ESG ». Ce « S » encadré par l’Environnemental (« E » et la Gouvernance (« G ») revêt désormais une double acception : Sociétale et Sociale. Il s’agit pour l’entreprise de s’assurer a minima que son activité ne nuira pas à l’environnement et aux communautés dans lesquelles elle opère. Mais ses salariés et ses clients, en particulier ceux des générations Y et Z, et l’opinion au sens large, demandent de plus en plus qu’elle aille au-delà en contribuant au bien commun, en cohérence avec la raison d’être qu’elle doit expliciter depuis la loi PACTE.

En quoi la question du partage de la valeur y contribue-t-elle ? Dans une étude récente1, l’ICR s’est penché sur ce sujet en interrogeant une vingtaine de dirigeants d’entreprise, administratrices et administrateurs, responsables syndicaux et investisseurs.
Cette étude a conduit à envisager le partage de la valeur sous un double prisme : celui, bien connu, de la répartition entre le capital (dividendes) et le travail (rémunérations, avec des écarts entre dirigeants et salariés mesurés par le ratio d’équité) ; mais aussi celui du partage de la valeur créée avec les fournisseurs directs et indirects de l’entreprise via sa politique d’achat, et avec les communautés où elle opère, par l’impôt et par d’autres actions qu’elle peut entreprendre et financer.

La question du partage de la valeur est donc bien une question stratégique pour l’entreprise. Par conséquent, elle relève de la responsabilité non seulement de l’équipe dirigeante, mais aussi du Conseil.

Or, encore trop souvent, la question du partage de la valeur n’est pas explicitement abordée dans sa globalité au sein du Conseil lors de la validation du plan stratégique. Les grands investissements, la rémunération des dirigeants et le versement de dividendes sont systématiquement traités, mais d’autres actions sont souvent passées sous silence : les politiques salariale, de diversité, d’actionnariat salarié, d’achat, de contribution aux communautés dans lesquelles l’entreprise opère par le biais de l’impôt.

Si l’entreprise veut s’inscrire pleinement dans une perspective de long terme sur le plan environnemental, sociétal et social, alors le partage de la valeur, sous toutes ses facettes, est l’instrument de choix. Ce sujet concerne le Conseil, sans le moindre doute. C’est tout le sens de l’ESG.

Membres et task force du Collège des Experts de l’ICR