Pour l’investisseur individuel, inventons le Nutriscore de l’ESG !
Poussée par le marketing des acteurs financiers et les injonctions réglementaires, la volonté de faire de l’investissement socialement responsable et la prise en compte des critères ESG s’étalent dans les brochures des nouveaux produits destinés à l’investisseur individuel. Mais il faudra un engagement actif des distributeurs pour que le client final s’approprie intimement ces notions.
ESG, le mot, le sigle plutôt, est lâché. Alors que les scénarios alarmistes du GIEC se succèdent et que la COP26 avait pour mission de trouver les moyens concrets d’appliquer l’Accord de Paris, l’industrie de la finance a, depuis quelques années, redoublé d’inventivité pour sortir de nombreux produits prenant en compte le respect des critères dits environnementaux, sociaux-sociétaux et de gouvernance. Et l’Union européenne s’apprête à enfoncer le clou : avec la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) et le classement des fonds en article 6, 8 et 9, l’épargnant pourra plus facilement comparer le caractère « durable » de son investissement.
Cependant, il reste un problème de taille, qui semble échapper pour l’instant à tous les acteurs de cette évolution structurante : que connaît et que comprend le client final de l’ESG ? La technicité des critères de notation extra-financières, la différence d’approche selon les agences de notation, la subjectivité de l’appréciation de certaines notions notamment sur les piliers S et G : autant d’éléments qui, malgré un objectif louable, brouillent la lisibilité et l’intérêt de cette approche pour l’épargnant.e.
Dès lors, que faire ? Le rôle du distributeur est ici essentiel. Parce qu’il a la connaissance du client final, de ses aspirations, de ses objectifs d’épargne, de son aversion au risque et aussi de sa culture financière. Parce que c’est à lui, au final, qu’il va revenir d’expliquer de la façon la plus simple, accessible et concrète ce qu’est l’ESG à ses clients. Une telle initiative passe obligatoirement par un travail profond et constant de pédagogie. C’est ce que fait Boursorama a travers son portail d’information en mettant à disposition, gratuitement et pour tous, des contenus expliquant dans le détail la réalité et le fonctionnement de la notation ESG, des palmarès dédiés, des vidéos pédagogiques avec des experts, des webinaires interactifs sur cette thématique, etc., pour que l’investisseur puisse prendre des décision libres et éclairées. C’est aussi bien sûr mettre à disposition ces notes sur les différents produits au même titre que les critères d’évaluation financière. C’est aussi demander un système de notation unifié et homogène qui pourrait permettre à l’épargnant de se faire un avis rapidement sur un produit à l’image de ce qu’a réussi à faire le nutriscore en matière alimentaire.
L’autre grand axe, c’est bien sûr permettre à l’investisseur d’être un acteur engagé du changement en privilégiant systématiquement les produits financiers les mieux disant en termes d’ESG dans les enveloppes d’épargne proposées, que ce soit pour l’assurance vie ou le PERIN. Le tout en proposant des offres accessibles, transparentes, performantes et au juste prix, afin que l’investisseur individuel n’ait pas le sentiment de surpayer en frais indus son engagement citoyen. A l’heure où existe un consensus sur la nécessite d’agir, c’est de cette façon simple et efficace que l’ESG va gagner le portefeuille et le cœur des investisseurs individuels.
Benoit Grisoni
Président-Directeur Général de Boursorama