Pour les femmes, l’égalité n’est pas innée ; c’est un acquis ou plutôt une conquête. Malgré les progrès accomplis ces dernières décennies grâce à l’engagement de personnalités inspirantes telles que Louise Michel, Séverine, Hubertine Auclert ou plus récemment Simone Veil, Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes demeure inachevé. Pis, un vent réactionnaire souffle aux quatre coins du monde, engendrant maintes régressions auxquelles nul ne s’attendait.

Les inégalités auxquelles sont confrontées les jeunes filles et les femmes tout au long de leur vie nous révèlent l’ampleur du chemin qu’il nous reste à parcourir. Aucun pays au monde ne peut se targuer d’avoir atteint l’égalité réelle. Nul n’est épargné par cet enjeu universel. Véritable enjeu civilisationnel, l’égalité entre les femmes et les hommes constitue un défi culturel qui nous concerne tous.

Vectrices d’innovation, forces motrices des mutations de notre temps et réceptacles des évolutions qui traversent nos sociétés, les entreprises sont aujourd’hui des acteurs clés pour bâtir ce « nouveau monde » que nous appelons de nos vœux où la moitié de l’humanité ne sera plus mise en minorité. Miroir de notre société, les entreprises sont aussi à la lisière de tous les enjeux d’égalité et d’inclusion. Ces enjeux, face auxquels elles ne peuvent demeurer ni sourdes ni inertes, doivent être dorénavant placées au cœur des choix stratégiques qu’elles opèrent. Enjeu de justice sociale, il s’agit également des nouveaux piliers sur lesquels reposeront leur compétitivité et leur attractivité. Les nouvelles générations, brûlant d’impatience, nous le demandent ; légitimement.

Cinq ans après la révolution culturelle qu’a incarné la vague « #MeToo », beaucoup reste encore à faire. 30% des Françaises ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail. 40% des femmes entre 20 et 24 ans ont subi des comportements abusifs dans l’espace public et 80% des violences contre les femmes ont lieu au domicile familial.

Ce combat contre les violences faites aux femmes – qui ignorent les frontières géographiques, sociales et culturelles – constitue le premier axe de la Grande cause des deux quinquennats du Président de la République. Car sans éradication des violences, l’égalité réelle ne saurait advenir totalement. 

Au surplus, les femmes sont les premières victimes des inégalités professionnelles et économiques. Qu’il s’agisse des inégalités salariales, du temps partiel subi, des enjeux liés à la maternité ou aux modes de garde, de la représentation dans les instances dirigeantes, les oripeaux du système patriarcal demeurent tenaces. Pour pallier ces inégalités, depuis 2017, le Gouvernement et la majorité ont mis en place une myriade de mesures dont l’efficacité est aujourd’hui largement reconnue. De l’index de l’égalité professionnelle à la loi visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle en passant par l’extension du congé paternité, des efforts sans précédent ont été engagés, mobilisant l’ensemble des ministères et des administrations.

Mais seul, l’Etat ne peut pas tout. Nous avons absolument besoin des acteurs de la société civile à nos côtés pour mener ce combat qui transcende les clivages partisans : associations, entreprises, médias, etc.

Le rôle joué par l’Observatoire de la mixité est, à ce titre, absolument fondamental. A travers les propositions que vous formulez, vous contribuez à l’édification d’une société plus inclusive et plus égalitaire. Je tiens dès lors à vous en féliciter. Vous êtes un formidable vecteur de réflexions et une force de propositions concrètes.

Le défi de l’égalité, à la fois immense et de longue haleine, ne peut reposer que sur une mobilisation de toute la société. C’est notre responsabilité à toutes et tous. Nous avons une obligation de résultats, individuelle et collective.

Je sais pouvoir compter sur vous. Vous pouvez compter sur moi.

par Isabelle Lonvis-Rome

Ministre déléguée auprès de la Première ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances