Edito | Nous y sommes !
Un nouveau gouvernement est là, les finances publiques françaises sont dans le rouge vif, la dette publique a pulvérisé la barre des 3000 milliards d’euros, la croissance tousse, la rigueur menace. Les aides aux entreprises vont baisser, leurs impôts pourraient augmenter, leurs marges se réduire. Pour chaque entreprise, c’est un peu l’heure de vérité et elle se pose des questions douloureuses : comment va-t-elle traverser ce trou d’air, a-t-elle assez de trésoreries, assez de commandes, des équipes assez solides, des fournisseurs assez fiables, des banques assez compréhensives ?
Ces questions sont importantes mais il en existe d’autres, moins évidentes, auxquelles l’entreprise doit avoir apporté des réponses, non pas pendant la crise, mais bien avant la crise : a-t-elle assez incrusté sa raison d’être dans ses processus quotidiens pour que les efforts nécessaires soient acceptés en interne, a-t-elle fait assez confiance à l’inclusion pour renforcer la solidarité des équipes, a-t-elle trouvé le juste partage de la valeur pour que chacun se sente réellement coacteur, et donc co-défenseur de l’aventure ? La responsabilité, c’est la convergence de toutes ces démarches dans la durée. Il faut s’engager avant la crise pour ne pas être tenté de renoncer aux engagements pendant la crise.
Dans une entreprise, rien de tel qu’une bourrasque économique pour vérifier la place qu’occupe vraiment la responsabilité : est-elle un petit plus agréable quand tout va bien, mais détourable quand ça tangue, ou bien ne fait-elle qu’un avec la stratégie ? Pour répondre, n’oublions pas que la responsabilité – appelez là RSE, ESG ou autrement – est la forme la plus aboutie de l’innovation. Elle étend les domaines de l’efficacité, de la rentabilité, de la performance, de l’agilité.
La responsabilité, c’est une vraie stratégie.
par Stéphane Marchand, Délégué Général de l’Institut du Capitalisme Responsable