Préface d’Elisabeth Moreno | La mixité est un enjeu d’égalité et de performance

Au pays de l’égalité, celle qui devrait régner entre les femmes et les hommes a mis beaucoup de temps à s’installer. Est-il besoin de rappeler qu’il a fallu attendre 1945 pour que les femmes puissent voter, 1965 pour qu’elles puissent librement exercer une activité professionnelle et 1974 pour qu’elles reprennent la pleine maîtrise de leur corps ?

L’égalité n’est pas innée, c’est un acquis. Malgré les progrès accomplis grâce à l’engagement de personnalités inspirantes telles que Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi ou Simone Veil, le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes reste toujours d’actualité. Les inégalités auxquelles sont confrontées les jeunes filles et les femmes tout au long de leur vie, mais également les violences sexistes et sexuelles que de nombreux hashtags ont sorti de l’ombre ces dernières années, nous révèlent l’ampleur du chemin qu’il nous reste à parcourir.

En effet, les inégalités et les violences dont les femmes sont encore victimes en France constituent une réalité face à laquelle nous ne pouvons détourner le regard. Comment accepter que 30% de nos concitoyennes aient déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail ? Comment accepter que 40% des femmes entre 20 et 24 ans aient subi des comportements abusifs dans l’espace public, dans les rues de notre pays, au cours des douze derniers mois ? Comment accepter que 80% des violences contre les femmes aient lieu au domicile familial ? Comment accepter qu’aujourd’hui encore, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes soit de près de 30% ? Comment accepter enfin que seules 21% de nos start-ups soient lancées par des dirigeantes féminines ?

Dans ce contexte, le Président de la République a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes la Grande cause du quinquennat. Clé de la libération des femmes, l’égalité professionnelle en constitue ce faisant l’un des piliers. C’est pourquoi le Gouvernement a notamment créé l’index de l’égalité professionnelle en 2018 pour résorber les inégalités salariales, étendu de 14 à 28 jours le congé paternité pour permettre, entre autres, aux femmes de mieux conjuguer vie professionnelle et vie personnelle et instauré un service public des pensions alimentaires pour éviter que la négligence des uns entraîne la détresse des autres.

La proposition de loi portée par Marie-Pierre Rixain et Christophe Castaner constituera également une étape importante pour l’égalité professionnelle. Dix ans après la loi Copé-Zimmermann, elle instaurera non seulement des quotas dans les instances dirigeantes des entreprises mais s’attaquera aussi notamment aux viviers dans les filières les moins mixtes de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, il n’y a pas suffisamment de jeunes femmes qui empruntent la voie vers les métiers d’ingénierie, de la technologie, des sciences, des mathématiques, alors que dans les cinq prochaines années, la grande majorité des métiers qui seront créés sont dans les STEM. Il faut donc encourager les filles à étudier davantage dans ces secteurs.

L’enjeu de parité est un enjeu de justice sociale et d’égalité mais également de compétitivité et d’attractivité. Et le combat pour l’égalité n’est pas une bataille impossible. Il s’agit d’un changement de société, long et difficile, mais que le Gouvernement a décidé de mener avec une détermination inamovible et de tous les instants. Un changement de société qui nécessite la mobilisation de l’ensemble des forces vives de notre pays : élus, associations, entreprises, etc.

Je salue dès lors le travail de l’Observatoire de la Mixité qui, à travers les précises et pratiques « 6 mesures concrètes pour faire progresser la mixité femmes-hommes », et à travers son club de dirigeantes et dirigeants engagés, encourage et donne des outils aux entreprises pour qu’elles réalisent elles-mêmes leur part de l’effort vers une vraie mixité femmes-hommes.

par ELISABETH MORENO

Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances