6 ans de l’ICR | Partager les expériences individuelles des entreprises pour mieux avancer ensemble… par Stéphane Marchand

L’institut du capitalisme responsable, c’est bien sûr une conviction forte – le capitalisme se doit d’être un levier décisif au service du bien commun – et c’est l’engagement à chercher les moyens de rendre cette conviction crédible, simple et accessible, tangible et mesurable. C’est aussi une communauté qui s’étend chaque jour. Il y a six ans, notre nom était un pari – un pari, pas une provocation – c’est devenu une évidence. Mais au fond, l’ICR, c’est peut-être avant tout une méthode.

Cette méthode, elle tient en peu de mots : partager les expériences individuelles des entreprises pour mieux avancer ensemble. Nous entendons, bien sûr, ceux qui jugent le capitalisme, et ceux qui rêvent le capitalisme, mais pour travailler au quotidien, nous comptons d’abord sur ceux qui le font, les entreprises et les investisseurs, sur ceux qui le règlementent et veillent à sa bonne application, la puissance publique et ses institutions, et sur ceux qui l’étudient, les chercheurs.          

L’ICR est un institut de recherche appliquée. L’expérience vécue a priorité sur la théorie. L’ICR explore des pistes, en sélectionne certaines, en abandonne d’autres. Nous nous trompons parfois, en sachant que, pour des chercheurs, une impasse n’est pas un échec, c’est une ressource, une information, un service rendu à la cause.    

Nos groupes de travail – nos Observatoires – ne sont pas des rassemblements éphémères. Composés de 10 à 12 membres, leur programme s’étend sur plusieurs années selon un séquencement immuable : explorer, identifier, recommander. Explorer les enjeux prioritaires, identifier ses meilleures traductions opérationnelles pour la responsabilité, recommander à tous les acteurs de la place, y compris les acteurs syndicaux et politiques, les évolutions que nous pensons essentielles. Au cours de ce parcours très riche, les membres partagent leur connaissance du terrain avec des opérationnels et des spécialistes de premier plan.       

Avec l’Observatoire de la Mixité, nous avons débusqué tous les pièges que recèle le vocabulaire « corporate » masculinisé à outrance, et l’effet dissuasif qu’il exerce sur des femmes qui sont pourtant objectivement intéressées par l’entreprise. Nous avons également creusé l’« opting out », ce phénomène qui pousse tant de femmes à ne pas accéder aux postes aux plus hautes responsabilités.

Pour sa part, l’Observatoire des Actionnaires d’Avenir cherche sans relâche les moyens de mettre sur de nouveaux rails ce fondement du capitalisme qu’est l’actionnariat individuel et salarié, un engagement loin d’être seulement financier. Dans un univers de NFT, de Cryptomonnaies et de réseaux sociaux, comment parler aux jeunes générations, où leur parler, de quoi leur parler, pour qu’ils rejoignent l’aventure de l’investissement en actions ? L’Observatoire s’est fixé pour objectif de bâtir les fondements de ces tous nouveaux langages.

L’Observatoire de la Matérialité des Enjeux Sociaux et Environnementaux s’est – dès le début – attaqué à la question centrale de l’ICR : peut-on mesurer – avec sens et pertinence – les progrès d’un acteur sur l’échelle de la responsabilité ? Avec quels outils ?  En 2023, nous allons travailler sur la mise en œuvre de la nouvelle Directive européenne et le concept de transition « juste », un concept qui mérite d’être défini de façon très explicite pour le plus grand nombre.  

Dans l’Observatoire de la Raison d‘Être, nous essayons de libérer et d’exploiter toute la puissance de cette innovation apportée par la loi Pacte. A l’ICR, nous ne voulons pas d’une raison d’être « slogan », nous voulons une raison d’être qui soit la colonne vertébrale de l’entreprise, sa boussole stratégique de long terme, alignée sur les plans stratégiques de moyen terme et bien sûr, les engagements ESG.

Enfin, l’Observatoire de l’Inclusion cherche à dresser le portrait de l’entreprise « complète ». Comment se rendre attractive pour les minorités qui se sentent rejetées ?  Comment faire de cette ouverture une force ? Faut-il que cette force se transforme en performance exclusivement financière ?

Si nous parvenons à progresser sur tous ces axes, c’est grâce à l’immense archipel de talents et d’engagements qui s’est construit peu à peu autour de l’ICR. Et aux instances qui gouvernent l’Institut. L’index de cohérence ESG (à paraître prochainement), n’aurait pas vu le jour sans le soutien du Conseil d’administration et l’expertise d’une task force mobilisée sur cette initiative. Le Jury des Grands Prix de l’Assemblée Générale et de la Mixité contribue grandement aux très belles avancées de nos Assemblées Générales Annuelles. Et enfin, la campagne que nous venons de lancer sur la nécessité de mieux aborder en AG la question du partage de la valeur est issue des travaux de notre collège des experts et d’une task force associée.    

La tâche de l’ICR est immense, notre ambition est intacte, ce qu’il reste à faire donne le tournis. Nous n’aurons réussi que quand la responsabilité ne sera plus seulement une volonté mais une réalité ancrée dans les mécanismes de notre modèle de capitalisme.

par Stéphane Marchand, Délégué Général de l’ICR