Financer et accompagner la transformation juste et durable de l’économie réelle

Cinq ans après l’Accord de Paris, l’importance de la COP26 pour rehausser l’ambition des engagements climatiques publics et privés a été amplement exprimée. La mobilisation de la société civile et des citoyens dans les rues de Glasgow comme sur les réseaux sociaux témoigne de ces attentes.

Une question a été posée de nombreuses fois : la COP26 était-elle notre « dernière chance » ?

Ce n’est pas une question pertinente : face au réchauffement climatique, il ne faudra jamais baisser les bras et l’abandon n’est pas une option.

Une meilleure question serait de savoir si ce rendez-vous était la dernière chance du processus politique en place, pour accélérer la mutation amorcée du capitalisme et préserver la stabilité financière dans ce monde changeant ?

L’inertie du système est devenue une source d’inquiétudes et de perte d’espoir pour trop de citoyens, notamment chez les plus jeunes. L’inaction engendre des risques pour le multilatéralisme, le droit international, le développement économique, l’innovation technologique et même pour la préservation de nos modes de vie.

Dans ce contexte, il devient tentant d’opposer les modes de mobilisation, alors que seule la collaboration, notre capacité à avancer rapidement et ensemble dans une même direction, sera le facteur de succès réel. Pour espérer réussir la transition écologique, il faut construire collectivement une alternative efficace, proposant un mode de vie acceptable et juste.

La Finance est un outil au service de l’ambition politique et de la transformation économique. Elle cristallise l’attention pour des raisons légitimes. Premièrement, même s’il ne peut agir seul, le capital financier est une source de pouvoir politique qui doit assumer sa responsabilité : quand on finance on choisit les projets qui se réalisent. Deuxièmement, la finance est par nature tournée vers l’avenir. L’analyse du potentiel des projets demande de se faire une image de l’avenir dans lequel ils évolueront. Sur le secteur financier pèse la lourde responsabilité de créer et valider le monde de demain.

« Le meilleur moyen de prédire l’avenir, c’est de l’inventer ». Sous couvert de simplicité, cette citation de Peter Drucker, théoricien de l’entreprise, reflète l’état d’esprit de chaque professionnel de la finance : de quoi l’avenir sera fait ? quels sont ses risques et ses opportunités ? Comment en tirer partie et influer sur ce destin commun ?

Face aux crises, il s’agit de reconnecter la finance aux besoins de la société et des citoyens. Finance for Tomorrow a proposé récemment une définition de la Finance à Impact, présentée comme une stratégie visant à accélérer la transformation juste et durable de l’économie réelle et qui en mesure les effets. Elle s’intéresse à réalisation des engagements, par des plans d’actions pour transformer et décarboner les entreprises, afin de créer de nouvelles opportunités. Elle cherche à recréer du sens au cœur de l’activité financière, en tant que contributeur direct aux solutions concrètes qui permettront de réaliser les Objectifs de Développement Durable de l’ONU.

Le secteur financier dispose de tous les outils pour réduire les risques et préserver les ressources mondiales. Il doit jouer son rôle d’accompagnement de la transformation de l’économie réelle et renforcer ses propres exigences, dès à présent, pour servir cet objectif.

par Thierry Déau | Président de Finance For Tomorrow et le Président-Directeur Général de Meridiam