Le capitalisme face à l’urgence écologique : muter ou mourir

Après l’échec de la COP26 et les politiques climatiques insuffisantes des Etats, nous nous dirigeons collectivement vers un monde où la température aura augmenté de 2,4 degrés depuis l’ère préindustrielle. La réalité du changement climatique n’aura pas seulement des conséquences désastreuses sur les ours polaires et les écosystèmes amazoniens. Ce sont bien les structures humaines, de l’économie à la finance, des individus aux Etats, qui souffriront le plus des changements à venir. Si les plus défavorisés seront touchés les premiers, même les habitants les plus aisés de la planète ne seront pas épargnés. Le marché de l’assurance a été le premier secteur à ouvertement annoncer être dépassé par l’ampleur des transformations à prendre en compte. Les autres suivront. Le monde des affaires, comme le reste des activités humaines, ne peut pas survivre dans un monde à +2,4°, ni par ailleurs à la perte de biodiversité massive que la planète subit actuellement. Changer de modèle économique n’est donc ni un caprice générationnel ni une exigence irréaliste d’une poignée de militants : il s’agit d’une nécessité impérieuse et pragmatique pour la survie de notre espèce.

De grands chantiers sont à développer dans le monde économique. Certes, quelques grandes entreprises se sont lancées dans des politiques de verdissement de leur activité, parfois sincèrement, trop souvent par des effets d’annonces, auxquels on a donné le doux nom de greenwashing. Mais la compensation carbone, par la plantation d’arbres ou l’achat de bons à polluer, ne peut être que la dernière option des entreprises dont l’activité est intrinsèquement polluante. De la même manière, un pari sur l’existence future de technologies encore inabouties, au périmètre par nature incertain, ne peut constituer une stratégie de décarbonation viable. Ces ajustements à la marge ne pourront pas combler le problème structurel qui empêche les entreprises de s’aligner avec les limites planétaires. Pire encore, le greenwashing peut tendre à retarder les réels efforts systémiques à mettre en place et envoie à l’opinion publique des messages contradictoires. Les modèles d’affaires aujourd’hui en vigueur sont basés sur des méthodes du XXe siècle, profondément inadaptées aux enjeux et aux défis inédits du XXIe siècle.

Deux deux grands axes de transformation, transversaux et indispensables pour la survie des entreprises dans un monde préservant le climat, la biodiversité et les ressources, nous paraissent primordiaux. L’alignement rigoureux sur les limites planétaires et l’abandon des profits court-termistes doivent figurer au sommet des priorités à atteindre pour préserver nos sociétés.

Pour commencer, les entreprises doivent intégrer dans leur modèle économique la notion de limite. Sans cela, elles ne peuvent se montrer à la hauteur des transformations structurelles auxquelles elles devront faire face pour survivre. Devant les contraintes de la réduction des capacités énergétiques liée à l’abandon des énergies fossiles et de la montée progressive des normes environnementales, les entreprises doivent repenser complètement leur activité.

par le Collectif pour un Réveil Ecologique