Sortir de la tempête par le haut !

Garder le cap dans la tempête, c’est la mission d’un dirigeant d’entreprise et d’un fonds d’investissement. Et en 2022, les tempêtes n’ont pas manqué : basculements géopolitiques, difficultés économiques conjoncturelles et alourdissement du maquis normatif. La situation internationale fourmille de développements inquiétants : guerre en Ukraine, crise énergétique et inflation, matérialité grandissante du réchauffement climatique. 

Dans le même temps, le combat pour un capitalisme responsable progresse. La nécessité de combiner sobriété, efficacité et justice sociale fait l’objet d’un consensus quasi général dans les démocraties avancées. Mais ce progrès se heurte aux complexités de mise en œuvres des dispositifs les plus efficients pour évoluer dans ce sens.

Les entreprises et les investisseurs, surtout les plus importants, sont enserrés dans un réseau de normes et de réglementations de plus en plus contraignant. Si nous n’y prenons garde, la cause que nous défendons risque d’être étouffée par les instruments qui étaient censés la servir.      

Le monde économique et financier travaille depuis des années à de nouveaux standards de reporting extra-financiers. Pour autant, il manque toujours un modèle international unifié permettant à chaque acteur de comparer ses indicateurs, ses retards et ses avancées en matière de Gouvernance, d’Environnement et de Social. En plus des très nombreuses réglementations, il existe aujourd’hui trois candidats qui proposent d’imposer un corpus normatif : SEC, IASB, et EFRAG. Vont-t-ils s’entendre pour normaliser le reporting ESG ou s’affronter pour imposer chacun son cadre ? Les normes et les réglementations risquent -elles d’affaiblir l’essentiel, c’est-à-dire la mission ?    

En 2023, notre priorité sera d’orienter nos travaux vers une réelle prise de recul pour faire face aux injonctions paradoxales avec l’objectif d’accompagner les entreprises et les investisseurs pour qu’ils n’aient pas le sentiment d’encerclement qui risquerait de leur faire oublier l’essentiel. De les condamner au pilotage à vue. De les soumettre à la dictature du court terme. 

Pour sortir par le haut de ces multiples dilemmes, l’entreprise possède une arme puissante. La raison d’être. Elle est là, pérenne, quelques soient les temps par lesquels on navigue. Voilà pourquoi il est tellement essentiel de la formaliser avec justesse, en adéquation avec l’ADN, la gouvernance, le projet stratégique et le modèle d’affaires de l’entreprise. Cette raison d’être a vocation à vivre, si non, elle s’éteindra, et le cap / la boussole stratégique de l’entreprise, avec elle . 

Pour y parvenir, pour l’installer dans le rôle qui doit être le sien, il est nécessaire de positionner la raison d‘être « au bon endroit ». Et de lui assigner des engagements concrets et opérationnels, lisibles et accessibles à l’ensemble des parties prenantes. La raison d’être se doit également, et sans angélisme, de se préparer aux éventuelles et probables controverses. 

Quand la raison d’être aura franchi toutes ces étapes, elle aura acquis une fiabilité que les investisseurs – et l’ensemble des parties prenantes – sauront reconnaître et qui aura à leurs yeux autant de poids que les cadres normatifs. Il s’agira vraiment d‘un nouveau capitalisme, d’un capitalisme cohérent parce qu’il sera équilibré entre le court et le moyen / long terme. Et c’est celui-là que nous voulons !

C’est donc avec un profond optimisme, car nous avons les armes, que nous vous souhaitons une année 2023 qui fasse tout particulièrement sens …  

 

Par Caroline de La Marnierre, Présidente et Fondatrice de l’ICR et Stéphane Marchand, Délégué Général de l’ICR